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rique et d’esquisser, le plus rapidement possible, l’histoire des progrès que leur art accomplit de l’un à l’autre.

Le premier en date, au moins par le temps de son enseignement à Athènes, sinon par la naissance, est Protagoras[1]. Il était né à Abdère[2], vers 485 probablement[3].

Vers l’âge de trente ans, il se mit à parcourir la Grèce et à faire métier de sophiste. Sa réputation devint telle qu’il demanda pour une série de leçons jusqu’à cent mines, dit-on[4]. Il continua ainsi durant quarante années. À la fin, il avait amassé plus d’argent, selon Platon, que dix sculpteurs comme Phidias. Dans ses voyages, il parcourut sans doute la plus grande partie du monde grec, notamment la Sicile et la Grande Grèce, alors si cultivées[5]. Il vint plusieurs fois à Athènes et y fit sans doute de longs séjours, à des intervalles assez éloignés[6]. Il connut Périclès[7]. Il s’y trouvait encore à l’âge de plus de soixante-dix ans,

  1. Voir dans Diogène Laërce, IX, ch. VIII (50-56). Cf. Zeller, Philosophie des Grecs, t. II, p. 461 et suiv. de la trad. française
  2. Protagoras, p. 309, C.
  3. Platon lui fait dire (Protagoras, p. 317, C) qu’il pourrait être le père de tous ceux qui sont là présents : or, parmi ces interlocuteurs, se trouve Socrate, né en 469. Sans prendre cette manière de parler tout à fait à la lettre, il faut bien admettre qu’il avait au moins vingt ans de plus que Socrate. D’autre part, Apollodore (Diogène Laërce, IX, 56) place son ἀκμή dans la 44e Olympiade (445-441), ce qui permet de mettre sa naissance à la date que nous indiquons. Zeller le fait naître en 480, afin que sa mort, en 410, coïncide avec sa soixante-dixième année, selon l’indication du Ménon, p. 91, E. Mais cette indication n’est qu’approximative, et la date même de sa mort est moins certaine que la grande différence d’âge entre lui et Socrate.
  4. Diogène Laërce, IX, 52.
  5. Voyage en Sicile, Hippias major, p. 282, D. Lois données à Thurium, d’après Héraclite cité par Diogène Laërce, IX, 50.
  6. Protagoras, 310, E.
  7. Plutarque, Périclès, 36, Cf. le fragm. de Protagoras dans Plutarque, Consol. Apoll, 33.