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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.


Si la philosophie grecque, durant les cent cinquante années qui suivent la mort d’Alexandre, fait encore assez bonne figure, il n’en est pas de même des autres genres en prose. Et la raison n’est pas seulement dans ce fait accidentel que la plupart des œuvres ont péri. Elle est plus grave et plus profonde : elle est dans un ensemble de circonstances qui condamnaient ces œuvres à la médiocrité. Mettons à part les sciences mathématiques et physiques, qui comptent alors des recherches originales, mais qui sont en dehors de la littérature proprement dite. Dans tout le reste, le meilleur est de second ordre. On y trouve souvent une érudition curieuse et diligente, une certaine finesse de jugement, une louable indépendance d’esprit. Mais les qualités essentielles font défaut, et ne pouvaient pas ne pas faire défaut. L’érudition, à cette date, est trop neuve encore pour être vraiment méthodique. L’éloquence n’a pas grand’chose à dire, et l’histoire ne sait plus ni la politique ni la guerre. Dans ces conditions, des hommes même bien doués ne pouvaient créer des chefs-d’œuvre : à plus forte raison la foule des médiocres qui, à cause de la diffusion générale de la culture, se tournent alors vers les lettres.