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DENYS D’HALICARNASSE

qui est annoncé dans le Περὶ συνθέσεως, a dû être achevé et publié, car il est cité par le scoliaste d’Hermogène[1]. Quintilien (IX, 89), paraît faire allusion à un écrit spécial Sur les Figures. Enfin, il n’est pas impossible que Denys eût composé une Rhétorique[2] ; mais celle que nous possédons sous son nom n’est qu’un assemblage tout artificiel de morceaux de différents âges, dont aucun peut-être ne provient réellement de lui[3].

Il ressort de cette simple énumération que Denys, tout en écrivant beaucoup, n’a jamais su concentrer sa doctrine ni réunir ses observations dans une grande œuvre de théorie littéraire ou de critique, comparable par exemple à l’Institution oratoire de Quintilien. Son Traité de l’imitation, aujourd’hui perdu, semble avoir été ce qu’il composa en ce genre de plus considérable. Ses au-

    spéciales à un autre ouvrage plus technique sur le même orateur. Cf. Isée, 2 ; Première lettre à Ammæos, 3.

  1. Walz, Rhet. gr., t. V, p. 486.
  2. Certaines citations anciennes peuvent se rapporter en effet à cet ouvrage. Quintil., iii, 1, 46, et dans les Rhet. græci de Walz, iii, 611 ; v, 243 ; vi, 17, vii, 45, mais il n’y a rien là de très certain, et on est étonné, si Denys avait composé une Rhétorique, de voir qu’il n’y renvoie dans aucun passage de ses ouvrages subsistants.
  3. On y distingue à première vue trois éléments : 1o un traité Des formes du discours épidictique (ch. i-vii), dédié à un certain Échécrate ; cet écrit, où il est question de l’orateur Nicostrate, qui vivait sous Marc-Aurèle, semble être de la fin du second siécle ; 2o deux chapitres Sur le discours figuré (περὶ τῶν ἐσχηματισμένων λόγων), le second (ch. ix) n’étant qu’une réduction plus développée du premier (ch. viii). Rien ne prouve, mais rien non plus n’empêche de croire que ces deux morceaux ne soient une œuvre de la jeunesse de Denys ; 3o deux morceaux qu’on pourrait appeler les leçons d’ouverture de deux cours de rhétorique. Le premier (ch. x), traite des défauts à éviter dans les exercices oratoires (μελετήματα) ; l’auteur y annonce un Traité sur l’imitation, qu’il a l’intention de composer, et c’est évidemment ce qui a fait attribuer cet écrit à Denys ; en réalité, nous n’y retrouvons ni ses idées, ni sa manière. Le second (ch. xi) est relatif à la méthode critique ; malgré la différence du titre, il offre de nombreuses ressemblances avec le précédent et semble bien être du même auteur.