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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

obscures, composées surtout de commentateurs. Le plus connu est cet Andronicos de Rhodes qui donna au temps de Cicéron la première édition complète d’Aristote[1]. Au reste, même dans la première génération, Théophraste seul mérite à proprement parler le nom d’écrivain. Les autres sont plutôt des savants, et le principal intérêt de leur œuvre, en dehors du fond des choses qu’ils nous apprennent, est de nous montrer comment la philosophie péripatéticienne, par la curiosité universelle dont elle était animée, se trouvait amenée à s’étendre et à rejoindre en tous sens les disciplines les plus diverses, depuis la science des physiciens jusqu’à celle des grammairiens et des érudits. Essayons donc de dégager d’abord la physionomie de Théophraste. Quelques brèves indications suffiront pour les autres[2].

Théophraste était né à Érésos, dans l’île de Lesbos[3]. Sa naissance est placée par Diogène Laërce en 372. Il mourut en 287, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans[4]. Presque toute sa vie se passa à Athènes, où il était venu de bonne heure. Il y entendit d’abord Platon, puis Aristote[5]. C’est Aristote, dit-on, qui lui donna le nom de Théophraste : il s’appelait réellement Tyrtamos ; son nouveau nom exprimait la divine éloquence de sa parole[6]. On sait ce-

  1. Cf. t. IV. p. 688.
  2. Démétrius de Phalère, qu’on range souvent parmi les péripatéticiens, est plutôt un orateur et un historien qu’un philosophe. Il en sera question au chapitre suivant.
  3. Diogène Laërce, V, 36-57 ; Suidas.
  4. La préface des Caractères lui donne, au moment où il est censé l’écrire, quatre-vingt-dix-neuf ans. Si cette indication était exacte, il faudrait donc reculer la date de sa naissance au moins jusqu’à l’année 386. Mais cette préface a tout l’air d’être apocryphe et ne mérite par conséquent que peu de confiance.
  5. Diogène Laërce mentionne comme son premier maître un certain Leucippe, de Lesbos (qui ne peut être le fondateur de l’atomisme).
  6. Diog. L., V, 38.