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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

ont dû précéder les vies accouplées : une fois que Plutarque eût établi sa méthode, il semble s’y être complu sans réserve ; on comprendrait mal pourquoi il l’aurait alors abandonnée. D’ailleurs, les vies de Galba et d’Othon, où le parallélisme n’existe pas encore, sont moins des biographies véritables que des chapitres d’histoire ; l’auteur raconte les règnes de ces empereurs plutôt que leurs vies, et une bonne partie de ce qui concerne Othon se trouve dans le récit relatif à Galba. Il y a donc lieu de croire qu’elles ont été écrites avant que Plutarque eût conçu la méthode qu’il appliqua un peu plus tard aux Vies parallèles. Celles d’Aratos et d’Artaxercès, bien qu’isolées, sont au contraire de véritables biographies, où se révèle déjà la manière définitive de l’auteur. Peut-être marquent-elles ses débuts dans le genre biographique proprement dit.

Dans quel ordre les Vies parallèles ont-elles été composées et publiées[1] ? Plutarque nous fournit lui-même quelques renseignements à ce sujet ; et ces renseignements, quoique très insuffisants, permettent d’abord d’établir que cet ordre n’est aucunement conforme à celui des manuscrits. Ils nous donnent ensuite une idée générale des sentiments qui l’ont guidé dans son entreprise. « Il m’est arrivé, dit-il, de me mettre à écrire des biographies pour complaire à d’autres ; puis je me suis at-

    sorbait pas dans un seul genre, et qu’en composant ses biographies il avait en main ou en projet des écrits très différents.

  1. L’étude capitale sur cette question est l’excellente dissertation de Michaelis, De ordine vitarum parallelarum Plutarchi, Berlin, 1815. Si la discussion n’y est pas poussée à fond, les principes essentiels y ont été du moins dégagés nettement et les principaux résultats mis en lumière. L’auteur a montré qu’un certain nombre des passages par lesquels le lecteur est renvoyé d’une biographie à une autre ne sont pas de Plutarque : il a établi du même coup, et très simplement, quels sont les renvois auxquels on peut se fier. Voir aussi Muhl, Plutarchische Studien, Augsbourg, 1885, et Schenkl, Jahrb. f. d. Alt., XII, 4, 180 sqq.