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DIODORE ; THÉODORE DE MOPSUESTE

reste malheureusement rien de l’ouvrage mentionné par Suidas sous ce titre : Différence de l’interprétation spirituelle et de l’allégorie (Τίς διαφορὰ θεωρίας ϰαὶ ἀλληγορίας) ; on ne peut guère douter que Diodore n’y eût exposé les principes de sa méthode. La tendance rationaliste, qui en faisait le fond, l’amena à formuler, sur la distinction de la divinité et de l’humanité en Jésus-Christ, des idées qui furent plus tard développées dans le Nestorianisme et condamnées par les conciles.

Apres Diodore, le grand nom de l’école d’Antioche est celui de Théodore de Mopsueste[1]. Né à Antioche vers 350, il y suivit d’abord, dans sa jeunesse, les leçons de Libanios, avec des vues toutes profanes. Puis, son condisciple, Jean Chrysostome, l’ayant attiré vers la vie ascétique, il se retira à vingt ans dans le cloître qu’avait institué Diodore et y étudia sous sa direction. Rentré quelque temps dans le monde, il en fut arraché de nouveau par son ami. En 333, il était ordonné prêtre ; en cette qualité, il enseigna lui-même à Antioche pendant dix ans. En 392, il est appelé à l’évêché de Mopsuestia, en Cilicie, où il réside désormais, pendant trente-six ans, jusqu'à sa mort en 428.

Écrivain fécond, comme son maître Diodore, Théodore avait composé, comme lui, une série de commentaires sur l’Écriture, et, de plus, divers ouvrages de controverse théologique, dont un grand traité en quinze livres Sur l’Incarnation. Il ne nous reste de tout cela, outre les titres, que des fragments en grec, et un certain nombre de traductions latines ou syriaques. Le rôle propre de Théodore, celui qui lui mérite une place, non seulement dans l’histoire des dogmes, mais dans celle

  1. Suidas, Θεόδωρος ; Photius, cod. 4, 5, 6, 38, 81, 77, etc. ; Chrysost.|, Ad Theodorum lapsum, et, en outre, lettre 112. — O. Fr. Fritzsche, De Theodori Mopsuesteni vita et scriptis commentatio, Halæ, 1836 ; Bardenhewer, § 56 ; Batitfol, p. 296-300.