Page:Cros - Le Coffret de santal, 1879.djvu/122

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Car ce mal est trop grand pour que seul je le garde
Aussi, j’ouvre mon âme à la foule criarde.

                                   

Assiégez le réduit de mes rêves défunts,
Et dispersez ce qu’il y reste de parfums.

Piétinez le doux nid de soie et de fourrures ;
Fondez l’or, arrachez les pierres des parures.

Faussez les instruments. Encrassez les lambris ;
Et vendez à l’encan ce que vous aurez pris.

Pour que, si quelque soir l’obsession trop forte
M’y ramène, plus rien n’y parle de la morte.

Que pas un coin ne reste intime, indéfloré.
Peut-être, seulement alors je guérirai.

                                   

(Avec des rythmes lents, j’endors ma rêverie
Comme une mère fait de son enfant qui crie.)