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FANTAISIES EN PROSE

dra son œuvre dévorante, et votre chair, aurore palpable, sera emportée tout à coup par la colère du sort ou de l’homme ; ou bien elle se desséchera lentement au vent de la vieillesse, pour se dissoudre enfin dans la terre brune.

Cet éventail, aussi, vendu, acheté, revendu, sali dans les tiroirs, brisé par les enfants, bibelot dédaigné des bric-à-brac, finira peut-être dans un clair incendie, ou bien épave d’égouts, il descendra les rivières pour s’émietter, pourri, dans la mer immense.

En attendant, gardez l’orgueil de votre chair couleur d’aurore, laissez insolemment flamboyer vos cheveux, jouez avec la perverse toute-puissance de vos yeux transparents.

Car vous êtes l’anneau actuel de la perpétuelle chaîne de beauté ; car ce qui a lui une fois, luit à jamais dans l’absolu ; car, à la symphonie de votre vie, il faut un sévère et grandiose accord final.

D’ailleurs ces mots qui parlent de vous, transmis de mémoire en mémoire, feront sans cesse revivre la main souveraine qui a tenu cet éventail et la chair qu’il a caressée de ses battements parfumés.