Page:Cros - Le Coffret de santal, 1879.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
CHANSONS PERPÉTUELLES

La mer fuit, mais emporte et disperse à jamais,
Rang par rang, tous ces flots, fils des lointains sommets.

                                            

Muse hautaine. Muse aux yeux clairs, sois bénie !
Malgré tes longs dédains, ma chanson est finie ;
Car tu m’as consolé de tous les bruits railleurs ;
Tu m’as montré, parmi mes souvenirs meilleurs,
Des lueurs pour teinter l’eau qui court et gazouille,
L’eau fraîche où, vers le soir, l’hirondelle se mouille.
Et j’ai suivi ses flots jusqu’à la grande mer.

Qu’on se lise entre amis ce chant tranquille et fier,
Dans les moments de fièvre et dans les jours d’épreuve,
Qu’on endorme son cœur aux murmures du Fleuve.