Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/20

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Inutile de rouvrir ici un procès que j’ai déjà plaidé — et j’ose le dire, gagné — ailleurs.[1]La preuve n’est plus à faire que le premier brevet pris par Edison pour le phonographe (15 janvier 1878) est postérieur de huit mois et demi au dépôt, par Charles Cros, à l’Académie des Sciences (30 avril 1877) du pli cacheté contenant la description détaillée d’un appareil destiné à « enregistrer et reproduire les vibrations acoustiques, » appareil baptisé du nom pittoresque de paléophone — comme qui dirait « voix du passé. » Tous ceux, d’ailleurs, qui ont étudié la question savent que le phonographe d’Edison ressemblait, point pour point et trait pour trait, au paléophone, à ceci près que, au lieu de s’y inscrire sur du noir de fumée, les sons s’y inscrivaient sur du papier d’étain.

Telle est la simple et stricte vérité.

À ce compte-là, le seul mérite d’Edison serait d’avoir matérialisé la théorie, d’avoir, en un mot, fait le premier enfant à l’idée à laquelle Charles Cros s’était contenté de faire une cour heureuse, mais platonique.

  1. Le Phonographe, son passé, son présent, son avenir, par Émile Gautier. — Chez Flammarion, libraire-éditeur, 26, rue Racine. 1905.