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LE JOURNAL DE L’AVENIR




Je suis arrivé aux bureaux du Chat Noir et j’ai été si écrasé par le luxe asiatique des salons, que, roulant mon chapeau entre mes doigts, je me suis tenu deux heures dans un couloir sillonné par mille employés affairés, vêtus des uniformes les plus polymorphes et polychromes.

On m’a poussé dans une salle d’attente. Les draperies, les divans, les parfums qui brûlaient dans les coins, redoublaient ma timidité.

Pourtant, vaincu par la fatigue et l’émotion, n’osant me laisser choir dans les moelleuses ottomanes qui encombrent les salons de la Rédaction, j’avisai un petit tabouret canné à trois pieds et je m’y assis, m’en jugeant à peine digne.