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DIAMANT ENFUMÉ




Folle d’abord. Et j’ai employé toute ma puissance à la rendre à la vie réelle. Je ne voulais pas l’aimer, je ne l’aimais pas ; mais je me suis ensuite attaché à elle comme à une œuvre personnelle.

Sa folie était tourbillonnante, loquace, inquiète. Il m’a fallu dépenser une activité, une force immense à suivre et à dompter cette folie. Vitesse exagérée, effrayante, du mouvement de la pensée ; et puis, un bagage d’impressions fictives de vie parisienne, de journalisme, de cancans de coulisses. Avec cela un sentiment inhérent à l’être, — toutes les femmes l’ont plus ou moins, — le désir prépondérant de paraître, sans presque de souci d’être en réalité. Etre connue, en bien ou en mal, qu’importe ! La réclame, la réclame. Là est même l’origine de tout le mal qu’elle m’a fait.