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PRÉFACE

Il commença vers 1896 une étude sur la croissance des cristaux. Cette étude comportait la mesure de la solubilité et de la vitesse d’accroissement des diverses faces d’un cristal. La vitesse d’accroissement était appréciée par l’augmentation de poids du cristal qui était suspendu au plateau d’une balance, et se trouvait en contact avec la solution sursaturée par une seule de ses faces, les autres faces étant vernies. La vitesse d’accroissement s’est montrée différente pour différentes faces, tandis que la solubilité était la même. Alors qu’il s’occupait d’organiser une installation à température constante pour ces expériences délicates, Pierre Curie fut amené à interrompre ce travail pour entreprendre en commun avec moi la recherche des éléments radioactifs nouveaux. Le travail ainsi abandonné ne fut jamais publié. Pierre Curie comptait toujours le reprendre et le compléter. Il voulait aussi se rendre compte à quelle distance s’exercent les actions moléculaires qui déterminent la croissance d’un cristal, et pour cela il songeait à recouvrir d’un mince dépôt d’or la face en contact avec la solution.

Il comptait également étudier la symétrie de certains cristaux par l’examen des phénomènes d’absorption de la lumière et de leur variation avec la température.

Depuis 1892 jusqu’en 1895, Pierre Curie effectua une longue série de recherches sur les propriétés magnétiques des corps à diverses températures, depuis la température ambiante jusqu’à 1400°. Ce travail lui a servi de thèse de doctorat. Les recherches ont porté sur 20 corps différents ; elles étaient faites en vue de préciser les liaisons et les transitions qui peuvent exister entre les propriétés des corps diamagnétiques, faiblement magnétiques et ferromagnétiques. Ce travail a présenté de grandes difficultés expérimentales. Pour connaître le coefficient d’aimantation il était nécessaire de mesurer des forces de l’ordre de grandeur d’un centième de milligramme, dans une enceinte où la température pouvait atteindre 1400°. Les résultats obtenus ont une