Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/367

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le cuivre est complètement précipitée par l’ammoniaque, ce qui la sépare du cuivre.

Finalement le corps actif reste avec le bismuth.

Nous n’avons encore trouvé aucun procédé exact pour séparer la substance active du bismuth par voie humide. Nous avons cependant effectué des séparations incomplètes basées sur les faits suivants :


Dans la dissolution des sulfures par l’acide azotique, les portions les plus faciles à dissoudre sont les moins actives.

Dans la précipitation des sels par l’eau les premières portions précipitées sont de beaucoup les plus actives.


Nous avions observé qu’en chauffant la pechblende on obtenait par sublimation des produits très actifs. Cette remarque nous a conduits à un procédé de séparation fondé sur la différence de volatilité du sulfure actif et du sulfure de bismuth. On chauffe les sulfures dans le vide dans un tube de verre de Bohême vers 700°. Le sulfure actif se dépose sous forme d’enduit noir dans les régions du tube qui sont à 250°-300°, tandis que le sulfure de bismuth reste dans les régions plus chaudes.

En effectuant ces diverses opérations, on obtient des produits de plus en plus actifs. Finalement nous avons obtenu une substance dont l’activité est environ 400 fois plus grande que celle de l’uranium.

Nous avons recherché, parmi les corps actuellement connus, s’il en est d’actifs. Nous avons examiné des composés de presque tous les corps simples ; grâce à la grande obligeance de plusieurs chimistes, nous avons eu des échantillons des substances les plus rares. L’uranium et le thorium sont seuls franchement actifs, le tantale l’est peut-être très faiblement.

Nous croyons donc que la substance que nous avons retirée de la pechblende contient un métal non encore signalé, voisin du bismuth par ses propriétés analytiques. Si l’existence de ce nouveau métal se confirme, nous proposons de l’appeler polonium, du nom du pays d’origine de l’un de nous.

M. Demarçay a bien voulu examiner le spectre du corps que nous étudions. Il n’a pu y distinguer aucune raie caractéristique en dehors de celles dues aux impuretés. Ce fait n’est pas favo-