Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/430

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lame d’aluminium battu et que cette lame n’émet pas en quantité importante des rayons secondaires analogues aux rayons secondaires des rayons de Röntgen.

Charge électrique des rayons du radium. — Les rayons cathodiques sont, comme l’a montré M. Perrin, chargés d’électricité négative[1]. De plus, ils peuvent, d’après les expériences de M. Perrin et de M. Lenard[2], transporter leur charge à travers des enveloppes métalliques réunies à la terre et à travers des lames isolantes. En tout point où les rayons cathodiques sont absorbés se fait un dégagement continu d’électricité négative. Nous avons constaté qu’il en est de même pour les rayons déviables du radium. Les rayons déviables du radium sont chargés d’électricité négative.

Étalons la substance radioactive sur l’un des plateaux d’un condensateur, ce plateau étant relié métalliquement à la terre ; le second plateau est relié à un électromètre, il reçoit et absorbe les rayons émis par la substance. Si les rayons sont chargés, on doit observer une arrivée continue d’électricité à l’électromètre. Cette expérience, réalisée dans l’air, ne nous a pas permis de déceler une charge des rayons. Mais l’expérience ainsi faite n’est pas sensible. L’air entre les plateaux étant rendu conducteur par les rayons, l’électromètre n’est plus isolé et ne peut accuser que des charges assez fortes.

Pour que les rayons non déviables ne puissent apporter de trouble dans l’expérience, on peut les supprimer en recouvrant la source radiante d’un écran métallique mince ; le résultat de l’expérience n’est pas modifié[3].

Nous avons sans plus de succès répété cette expérience dans l’air

  1. Comptes rendus, t. CXXI, p. 1130, et Ann. de Ch. et de Phys., 7e série, t. II, 1897, p. 433. Dans les expériences de M. Perrin, l’ordre de grandeur de la charge était de 10-6 coulomb pour une interruption de la bobine.
  2. Lenard, Wied. Ann., t. LXIV, 1898, p. 279.
  3. À vrai dire, dans ces expériences, on observe toujours une déviation à l’électromètre, mais il est facile de se rendre compte que ce déplacement est un effet de la force électromotrice de contact qui existe entre le plateau relié à l’électromètre et les conducteurs voisins ; cette force électromotrice fait dévier l’électromètre, grâce à la conductibilité de l’air soumis au rayonnement du radium.