Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/493

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vitesse peuvent, s’ils sont très petits, avoir un pouvoir pénétrant très grand vis-à-vis de la matière.

Le rapport semble être le même pour les rayons β du radium les moins pénétrants et pour les rayons cathodiques. Mais ce rapport va en diminuant à mesure que la vitesse des rayons augmente. MM. J.-J. Thomson et Townsend pensent que les électrons chargés en mouvement possèdent une charge qui est la même pour chacun d’eux et qui est égale à celle transportée par un atome d’hydrogène dans l’électrolyse d’une solution. S’il en est ainsi, il faut admettre que la masse des projectiles augmente en même temps que leur vitesse, quand celle-ci se rapproche de celle de la lumière.

Dans le cas de l’électrolyse le rapport est égal à 9650, tandis que ce même rapport est égal à pour les rayons cathodiques et pour les rayons β peu pénétrants. Si l’on admet que la charge e est la même dans les deux cas, on en déduit que la masse d’un électron est environ 2000 fois plus petite que celle d’un atome d’hydrogène.

Des considérations théoriques conduisent à concevoir que l’inertie de la particule est précisément due à son état de charge en mouvement, la vitesse d’une charge électrique en mouvement ne pouvant être modifiée sans dépense d’énergie. Autrement dit, la masse de la particule chargée est, au moins en partie, une masse apparente ou masse électromagnétique. M. Abraham a donné une formule permettant de calculer la masse électromagnétique d’une particule chargée en fonction de sa vitesse. D’après cette formule, la masse due aux réactions électromagnétiques est constante pour des vitesses faibles, cette masse augmente avec la vitesse et tend vers l’infini pour des vitesses qui tendent vers celle de la lumière. Les expériences de M. Kaufmann sont en accord avec cette théorie et conduisent de plus à admettre que la masse d’un électron est entièrement de nature électromagnétique. Ces résultats ont une grande importance théorique ; ils permettent de prévoir la possibilité d’établir les bases de la mécanique sur la dynamique de petits centres matériels chargés en état de mouvement.

Rayons α. — Les rayons α du radium sont très peu pénétrants ;