Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/495

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mules (1) et (2) de la page 46 sont encore applicables. D’après les mesures de des Coudres faites dans le vide, on trouve :

.

On voit que la vitesse des projectiles est 20 fois plus faible que celle de la lumière. Si l’on admet que la charge d’un projectile est la même que celle d’un atome d’hydrogène dans l’électrolyse, on trouve que sa masse est de l’ordre de grandeur de celle d’un atome d’hydrogène (le rapport est égal à 9650, pour l’hydrogène dans l’électrolyse). On conçoit que ces projectiles, plus gros que les électrons et animés d’une vitesse moindre que celle des électrons, aient aussi un pouvoir de pénétration bien moindre.

D’après les expériences de M. Becquerel, la courbure de la trajectoire des rayons α qui se propagent dans un champ magnétique uniforme n’est pas constante, lorsque la propagation a lieu dans l’air à la pression atmosphérique. Tout d’abord cette courbure est la même que celle obtenue dans le vide, mais elle devient de moins en moins grande à mesure que le rayon s’éloigne de la source. On peut expliquer ce phénomène en admettant que de nouvelles particules viennent se fixer sur les projectiles qui constituent les rayons, pendant que ceux-ci accomplissent leur trajet dans l’air. Cette hypothèse rendrait compte du fait que le pouvoir absorbant d’un écran pour les rayons a augmente, quand on éloigne l’écran de la source radiante.

Les rayons α sont ceux qui sont actifs dans la très belle expérience réalisée dans le spinthariscope de M. Crookes. Dans cet appareil, un fragment très petit d’un sel de radium (une fraction de milligramme) est maintenu par un fil métallique à une faible distance (0,5 mm) d’un écran au sulfure de zinc phosphorescent. En examinant dans l’obscurité avec une loupe la face de l’écran qui est tournée vers le radium, on aperçoit des points lumineux parsemés sur l’écran et faisant songer à un ciel étoilé ; ces points lumineux apparaissent et disparaissent continuellement. Dans la théorie balistique, on peut imaginer que chaque point lumineux qui apparaît et disparaît résulte du choc d’un projectile. On aurait