Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/497

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pouvoir pénétrant et sont déviés de la même façon par le champ magnétique ; enfin, avec les rayons α du polonium, on peut faire l’expérience du spinthariscope. Le polonium fournit donc une source de rayons α exempts des autres espèces de rayons, ce qui est précieux dans certaines études. Mais la source s’épuise, et au bout de quelques années le polonium séparé du minerai qui le contenait a perdu son activité.

Le thorium, l’uranium, l’actinium semblent émettre des rayons α et β ; on a pu vérifier la déviabilité des rayons β.

Charge électrique des rayons du radium. — D’après la théorie balistique, les rayons α doivent transporter des charges électriques positives et les rayons β des charges électriques négatives. Nous avons montré, Mme Curie et moi, que, conformément à cette théorie, les rayons β du radium chargent négativement les corps qui les absorbent. Pour le montrer, on utilise une plaque de plomb en relation avec un électromètre. La plaque de plomb est entièrement recouverte d’une couche de paraffine qui est elle-même entourée d’une enveloppe d’aluminium mince reliée à la terre. Le radium, situé dans une petite cuve à l’extérieur, envoie ses rayons sur la plaque de plomb ainsi protégée. Les rayons α sont arrêtés par l’enveloppe extérieure d’aluminium ; une partie des rayons β traverse l’aluminium et la paraffine et se trouve absorbée par le plomb qui se charge négativement. La paraffine est nécessaire pour obtenir un isolement suffisant de la lame de plomb, qui ne pourrait se charger si elle était entourée d’air rendu conducteur par les rayons de Becquerel.

Nous avons aussi montré qu’un sel de radium se charge positivement lorsqu’il est enveloppé d’une couche isolante et qu’il émet à l’extérieur des rayons β, tandis que les rayons α ne peuvent s’échapper.

Une ampoule de verre scellée et contenant un sel de radium se charge spontanément d’électricité comme une bouteille de Leyde. Si au bout d’un temps suffisant on fait avec un couteau à verre un trait sur les parois de l’ampoule, il part une étincelle qui perce le verre en un point où la paroi a été amincie sous le couteau ; en même temps, l’opérateur éprouve une petite secousse dans les doigts par suite du passage de la décharge.