Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/522

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bromure de radium a été transporté dans une ampoule en quartz, munie d’un tube de même substance. On a fait le vide dans l’ampoule, puis on a chauffé le tube de quartz au rouge, jusqu’à fusion du bromure de radium ; on a continué à faire le vide, et l’on a recueilli à l’aide de la pompe à mercure les gaz occlus dégagés pendant la chauffe. Les gaz aspirés traversaient, avant d’arriver à la pompe, trois petits tubes de verre en U plongés dans l’air liquide qui retenaient la plus grande partie de l’émanation du radium et les gaz les moins volatils.

Les gaz aspirés à la pompe à mercure et recueillis dans une éprouvette en verre sur le mercure ont été examinés par M. Dewar. Ces gaz occupaient un volume de 2,6 cm³ à la pression atmosphérique ; ils avaient entraîné une partie de l’émanation du radium, et ils étaient radioactifs et lumineux. La lumière propre émise par l’éprouvette contenant les gaz a donné, après 3 jours d’exposition avec un spectroscope photographique en quartz, un spectre discontinu : il consiste en trois lignes coïncidant avec l’origine des trois bandes principales de l’azote 3800, 3580 et 3370[1]. Pendant ces 3 jours le tube de verre a pris une teinte violet foncé, et la moitié du volume du gaz a été absorbée.

En faisant passer l’étincelle au travers des gaz transportés dans un tube de Geissler on a aussi obtenu au spectroscope les bandes de l’azote. En condensant l’azote dans l’hydrogène liquide, le vide est devenu grand dans le tube de Geissler, et l’étincelle indiquait alors la présence de l’hydrogène et pas autre chose.

Le tube de quartz contenant le bromure de radium fondu et privé de tous les gaz occlus a été scellé à l’aide du chalumeau oxhydrique, pendant que l’on faisait le vide, et ramené à Paris. M. Deslandres a bien voulu l’examiner au point de vue spectroscopique (20 jours environ après la fermeture du tube). M. Deslandres nous prie d’annoncer que le gaz intérieur, illuminé par une bobine de Ruhmkorff, à l’aide de deux petites gaines de papier d’étain recouvrant extérieurement les deux bouts du tube, a donné le spectre entier de l’hélium ; il n’y a pas eu d’autres raies que celles

  1. Ces résultats sont à rapprocher de ceux trouvés par M. et Mme Huggins, qui ont montré que le spectre de la lumière propre émise spontanément par les sels de radium dans l’air est constitué par les bandes de l’azote.