Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/173

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soleil à augmenter sa chaleur. Les dernières neiges achevèrent de rapidement disparaître. Partout éclataient les bourgeons des peupliers, où apparaissaient les pousses vertes, et étincelaient les feuilles cramoisies de la vigne rouge. Sur les pentes les plus ensoleillées, parmi les rochers, les petits perce-neige ouvraient leurs corolles, annonce décisive que le printemps était venu.

Pendant la première semaine, Louve Grise chassa plus d’une fois avec Kazan. Ils n’avaient pas besoin d’aller loin. Le marais fourmillait de petit gibier et, chaque jour ou chaque nuit, ils tuaient de la viande fraîche.

Au cours de la seconde semaine, Louve Grise chassa moins. Puis vint une nuit, une nuit embaumée, magnifique et douce sous les rayons de la pleine lune printanière, où elle se refusa à quitter le creux de l’arbre.

Kazan ne l’y incita point. L’instinct lui faisait comprendre qu’un événement nouveau se préparait. Il partit pour la chasse, sans trop s’éloigner, et rapporta bientôt un lapin blanc.

Quelques jours s’écoulèrent encore et une autre nuit arriva où, dans le recoin le plus obscur de sa retraite, Louve Grise salua d’un grognement étouffé Kazan qui rentrait. Il demeura sur le seuil de l’arbre, avec un lapin qu’il tenait dans sa gueule, et n’entra point.

Au bout de quelques instants, il laissa tomber le lapin, les yeux fixés sur l’obscurité où gisait Louve Grise. Finalement, il se coucha en travers, devant l’entrée de la tanière. Puis, tout agité, il se remit sur ses pattes et s’en alla.

Il ne revint qu’avec le jour. Comme jadis sur le Sun Rock, il renifla, renifla. Ce qui flottait dans l’air n’était plus pour lui une énigme. Il s’approcha de Louve Grise et elle ne grogna pas. Il la flaira et caressa, tan-