Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/30

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dressées et, comme la veille, Thorpe et Isabelle s’enfermèrent dans la leur. Mae Cready demeura dehors.

La neige commençait à tomber. Assis près du feu, Mac Cready, que Kazan n’arrêtait point de surveiller avec une curiosité sans cesse alertée, avait sorti sa bouteille de whisky et y buvait fréquemment. Les flammes faisaient rougeoyer sa face, où luisaient ses dents blanches. À plusieurs reprises, il se leva et alla copier son oreille contre la tente où reposaient Thorpe et la jeune femme. Tout y était silencieux et il percevait seulement les ronflements de Thorpe. Le guide leva sa figure vers le ciel. La neige tombait si épaisse que ses yeux s’emplirent aussitôt des blancs flocons. Il les essuya et s’en alla examiner la piste tracée, quelques heures auparavant, par la petite caravane. Elle était déjà presque entièrement recouverte. Une heure encore, et rien ne pourrait plus dire à personne que quelqu’un était passé là. Le feu même, si on le laissait mourir, serait recouvert avant le matin.

Mac Cready, sans rentrer dans sa tente, but encore plusieurs coups. Des mots inarticulés, des mots joyeux, jaillissaient de ses lèvres. Son cœur battait le tambour dans sa poitrine. Mais plus encore battit celui de Kazan, lorsqu’il vit le guide s’emparer d’un gros gourdin, qu’il appuya debout contre un arbre. Le guide prit ensuite, sur le traîneau, une des lanternes et l’alluma. Puis, la tenant à la main, il alla vers la tente de Thorpe.

— Ho ! Thorpe… Thorpe ! appela-t-il à voix basse. Mais Thorpe continuait à ronfler. Mac Cready écarta légèrement la porte de la tente et appela un peu plus fort :

— Thorpe !

Pas de réponse encore. Rien ne bougea. Alors le guide, passant sa main sous la toile, dénoua