Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/57

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morceaux de viande et de peau, et des os brisés, éparpillés sur le sol, étaient tout ce qui restait du caribou abattu.

On voyait encore l’endroit où Bram avait secoué la neige de ses raquettes et les avait déposées. La trace de ses mocassins se mêlait ensuite à celle des pattes des loups. Il avait dû arriver à temps pour sauver le meilleur morceau, qui est le train de derrière du caribou, et il l’avait traîné à quelque distance de la rouge enceinte de la curée. Les étoiles avaient, de là-haut, assisté au repas de la horde affamée, qui avait tout dévoré, ou à peu près, sauf les entrailles. À celui de Bram aussi qui, près de l’empreinte de ses mocassins, avait abandonné quelques reliefs, dédaignés, de son festin. Aussi bien que l’eût fait la page d’un livre, la neige contait, avec toute la précision désirable, ce qui s’était passé. Et, beaucoup mieux qu’auparavant, Philip comprit, devant ce spectacle, à quel danger il avait échappé.

La neige racontait autre chose encore. Bram avait, sur un traîneau qu’il possédait, chargé ce qui demeurait de la chair du caribou. En examinant les empreintes, Philip se rendit compte que le traîneau était du type « ootapanask », mais plus long et plus large que ceux qu’il avait déjà vus. La suite se devinait sans peine. Lorsque bêtes et homme avaient été gavés, Bram avait