Page:Cuvier - Règne animal 1829 vol I.djvu/123

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Quand l’homme le voudrait, il ne pourrait marcher commodément à quatre ; son pied de derrière court et presque inflexible, et sa cuisse trop longue, ramèneraient son genou contre terre ; ses épaules écartées et ses bras jetés trop loin de la ligne moyenne, soutiendraient mal le devant de son corps ; le muscle grand dentelé, qui, dans les quadrupèdes, suspend le tronc entre les omoplates comme une sangle, est plus petit dans l’homme que dans aucun d’entre eux ; la tête est plus pesante à cause de la grandeur du cerveau et de la petitesse des sinus ou cavités des os, et cependant les moyens de la soutenir sont plus faibles, car l’homme n’a ni ligament cervical, ni disposition des vertèbres propre à les empêcher de se fléchir en avant ; il pourrait donc tout au plus maintenir sa tête dans la ligne de l’épine, et alors ses yeux et sa bouche seraient dirigés contre terre ; il ne verrait pas devant lui ; la position de ces organes est au contraire parfaite, en supposant qu’il marche debout.

Les artères qui vont à son cerveau ne se subdivisant point, comme dans beaucoup de quadrupèdes, et le sang nécessaire pour un organe si volumineux s’y portant avec trop d’affluence, de fréquentes apoplexies seraient la suite de la position horizontale.

L’homme doit donc se soutenir sur ses pieds seulement. Il conserve la liberté entière de ses mains pour les arts, et ses organes des sens sont situés le plus favorablement pour l’observation.

Ces mains, qui tirent déjà tant d’avantages de leur liberté, n’en ont pas moins dans leur structure. Leur pouce, plus long à proportion que dans les singes, donne plus de facilité pour la préhension des petits objets ; tous les doigts, excepté l’annulaire, ont des mouvements séparés, ce qui n’est pas dans les autres animaux, pas même dans les singes. Les ongles ne garnissant qu’un des côtés du bout du doigt, prêtent un