Page:Cuvier - Règne animal 1829 vol I.djvu/15

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les caractères qu’on leur assignait, ni par les figures et les descriptions que l’on en alléguait.

Tantôt l’une d’elles, au moyen des synonymes, en représente sous un seul nom plusieurs, et souvent tellement différentes, qu’elles ne doivent pas entrer dans le même genre ; tantôt une seule est doublée, triplée, et reparaît successivement dans plusieurs sous-genres, dans plusieurs genres, quelquefois dans des ordres différents.

Que dire, par exemple, du trichecus manatus de Gmelin, qui, sous un seul nom spécifique, comprend trois espèces et deux genres, deux genres différents presque en tout ? Sous quel nom parler de la vélelle, qui y figure deux fois parmi les méduses et une parmi les holothuries ? Comment y rassembler les biphores, qui y sont appelées les unes du nom de dagysa, le plus grand nombre de celui de salpa, et dont plusieurs sont rangées parmi les holothuria ?

Ainsi il ne suffisait pas, pour atteindre complètement le but, de revoir les espèces : il aurait fallu revoir jusqu’à leurs synonymes ; c’est-à-dire qu’il aurait fallu refaire le système des animaux. Une telle entreprise, après le prodigieux développement que la science a pris depuis quelques années, eût été inexécutable dans son entier pour tout homme isolé, même en lui supposant la plus longue vie, et nulle autre occupation ; je n’aurais pas même été en état de préparer la simple esquisse que je donne aujourd’hui, si j’avais été livré à mes