Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/265

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par ce spectacle attendrissant à connaître leur cœur.

Néanmoins l'œil inquiet de l'amitié en cherchait encore quelques-uns, et dans ce nombre était Adanson. Ce fut alors seulement qu'on apprit l'état qui causait son absence.

Il fallut bien que sa retraite s'ouvrît enfin aux soins empressés de ses confrères : il les reçut avec des larmes de reconnaissance. Étonné peut-être autant que touché de notre intérêt, il regretta sans doute qu'en renonçant aux jouissances du monde il eut aussi compris telles du cœur parmi ses sacrifices.

Non, mes collègues, la science n'exige pas celui-là : les futiles hochets de la vanité, les faveurs trompeuses de la fortune, voilà ce qu'elle nous défend impérieusement de poursuivre, et sans doute vous ne la trouvez pas en cela bien sévère. Peut-être nous ordonne-t-elle encore de sacrifier les petites louanges du monde à la véritable gloire, dont le grand nombre est si rapidement digne d'être juge. Mais, je vous en atteste tous, les lumières et l'estime réciproque ne font que rendre plus doux les liens qui unissent les hommes instruits, et l'amitié est la seule jouissance à laquelle cette noble élite de l'humanité ne renoncerait pas, même pour l'assurance d'obtenir un jour des honneurs tels que ceux-ci •

Une juste reconnaissance nous oblige de déclarer que, dès l'instant où le gouvernement eut été instruit de la position de M. Adanson, tous les ministres qui se sont succédé se sont fait un devoir de montrer par son exemple que l'État n'abandonne pas la vieillesse