Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/443

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tant de vogue : il présente, au contraire, l’arbre de l'organisation comme produisant une multitude de branches latérales, qu’il est impossible de disposer sur une seule ligne sans faire violence à la nature. Quant aux coraux en particulier, il montre la fausseté de la définition que l’on en donnait alors presque généralement, comme s’ils eussent été des ruches de polypes : il fait voir que leur tronc est lui-même vivant ; que c'est une sorte d’arbre animal à plusieurs branches et à plusieurs têtes ; un animal composé, dont la partie pierreuse n’est que le squelette commun, lequel croit en même temps que les animaux particuliers, mais n’est point fabriqué par eux. Linnæus venait de soutenir le premier avec force ces idées hardies, reçues aujourd’hui par tout le monde[1].

Les Miscellanea zoologica, que M. Pallas fit paraître la même année que son Elenchus, lui donnèrent encore plus de réputation : on y vit avec étonnement un auteur si jeune réunir tous les mérites des grands maîtres qui partageaient alors l'empire de la science ; prendre hardiment pour modèle notre grand naturaliste français et son collaborateur Daubenton, se charger à lui seul de leur double travail, et, sans se laisser éblouir par leur autorité, joindre encore à la sagacité profonde de l’un et a l'exactitude patiente de l’autre, ces vues méthodiques et rigoureuses condamnées par tous les deux.

  1. L’Elenchus zoophytorum a été traduit en hollandais par Boddaert et en allemand par Wilkens. Hermsted a publié cette dernière traduction avec des additions et des planches ; Nuremberg, l787, in-4o.