Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/136

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arrive que la majorité se rallie à la minorité, ou la minorité à la majorité. Comme dans une partie de campagne, les uns proposent d’aller à Saint-Germain, les autres à Meudon, ceux-ci à Sceaux et ceux-là à Fontainebleau ; les vais se partagent ; puis en fin de compte chacun cède à l’attrait de se trouver réuni aux autres. Et tous ensemble prennent d’un, commun accord la même route, sans qu’aucune autorité autre que celle du plaisir les ait gouvernés. L’attraction est toute la loi de leur harmonie. Mais, au point de départ comme en route, chacun est toujours libre de s’abandonner à son caprice, de faire bande à part si cela lui convient, de rester en chemin, s’il est fatigué, ou de prendre le chemin du retour s’il s’ennuie. La contrainte est la mère de tous les vices. Aussi est-elle bannie par la raison, du territoire de l’Humanisphère. L’égoïsme bien entendu, l’égoïsme intelligent y est trop développé pour que personne songe à violenter son prochain. Et c’est par égoïsme qu’ils font échange de bons procédés.

L’égoïsme, c’est l’homme : sans l’égoïsme, l’homme n’existerait pas. C’est l’égoïsme qui est le mobile de toutes ses actions, le moteur de toutes ses pensées. C’est lui qui le fait songer à sa conservation et à son développement qui est encore sa conservation. C’est l’égoïsme qui lui enseigne à produire pour consommer, à