Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/158

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dont la jeunesse aurait été souillée par la débauche, rougirait, après s’être réhabilitée, au souvenir de ses jours de prostitution.

La propriété et le commerce, cette affection putride de l’or, cette maladie usurienne, cette contagion corrosive qui infeste d’un virus de vénalité les sociétés contemporaines, et métallise l’amitié et l’amour ; ce fléau du dix-neuvième siècle a disparu du sein de l’humanité. Il n’y a plus ni vendeurs ni vendus. La communion anarchique des intérêts a répandu partout la pureté et la santé dans les mœurs. L’amour n’est plus un trafic immonde, mais un échange de tendres et purs sentiments. Vénus n’est plus la Vénus impudique, mais la Vénus Uranie. L’amitié n’est plus une marchande des halles caressant le gousset des passants et changeant les mielleux propos en engueulements, selon qu’on accepte ou refuse sa marchandise, c’est une charmante enfant qui ne demande que des caresses en retour de ses caresses, sympathie pour sympathie. Dans l’Humanisphère, tout ce qui est apparent est réel : l’apparence n’est point un travestissement. La dissimulation fut toujours la livrée des valets et des esclaves : elle est de rigueur parmi les civilisés. L’homme libre porte au cœur la franchise, cet écusson de la Liberté. La dissimulation n’est pas même une exception parmi les humanisphériens.

Les artifices religieux, les édifices de la su-