Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/179

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fais retomber derrière moi le rideau des siècles, et laisse-moi vivre de ma vie dans l’humanisphère et l’humanisphérité !…

Enfant, me dit-elle, je ne puis t’accorder ce que tu désires. Le temps est le temps. Et il est des distances que la pensée seule peut franchir. Les pieds adhèrent au sol qui les a vus naître. La loi de la pesanteur le veut ainsi. Reste donc sur le sol de la civilisation comme sur un calvaire, il le faut. Sois un des messies de la régénération sociale. Fais luire ta parole comme un glaive, Plonge-la nue et acérée au sein des sociétés corrompues, et frappe à la place du cœur le cadavre ambulant de l’Autorité. Appelle à toi les petits enfants et les femmes et les prolétaires, et enseigne-leur par la prédication et par l’exemple la revendication du droit au développement individuel et social. Confesse la toute-puissance de la Révolution jusque sur les degrés de la barricade, jusque sur la plate-forme de l’échafaud. Sois la torche qui incendie et le flambeau qui éclaire. Verse le fiel et le miel sur la tête des opprimés. Agite dans tes mains l’étendard du progrès idéal et provoque les libres intelligences à une croisade contre les barbaresques ignorances, Oppose la vérité au préjugé, la liberté à l’autorité, le bien au mal. Homme errant, sois mon champion ; jette à la légalité bourgeoisiale un sanglant défi ; combats avec le fusil et la plume, avec le