Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/70

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ne ou du spectre dont le flair vous épouvante. Mais, le jour où un voile passera sur ce soleil ; le jour où votre livrée sera usée jusqu’à la trame, le jour où, frissonnant dans votre nudité, vous trébucherez de faux pas en faux pas et roulerez à terre, effarés, terrorisés ; le jour où vous tomberez de Moscou en Bérézina oh ! ce jour-là, je vous le dis, malheur à vous ! Le loup, l’hyène ou le spectre vous sautera au ventre et à la gorge, et il vous dévorera les entrailles, et il mettra en lambeaux vos membres et votre livrée, vos faisceaux de baïonnettes et vos catéchismes et vos codes. C’en sera fait de votre utopie du capital. Comme un cerf-volant dont la ficelle est cassée, votre soleil d’or piquera une tête dans l’abîme. Paris sera devenu votre Waterloo ; et Waterloo, vous le savez, conduit à Ste-Hélène… En vérité, en vérité je vous le dis, ce jour-là il n’y aura pour vous ni pitié ni merci. Souvenez-vous de Juin ! vous criera-t-on. Œil pour œil et dent pour dent ! — Bourgeois, bourgeois, vous êtes trop juifs pour ne pas connaître la loi de Moïse…

Ah ! toujours le fer et le plomb et le feu ! toujours le fratricide entre les hommes ! toujours des vainqueurs et des vaincus ! Quand donc cessera le temps des sanglantes épreuves ? À force de manger des cadavres, la Civilisation ne mourra-t-elle pas enfin d’indigestion ?