Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/47

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Et comme je finissais de parler, ce jeune homme reprit courage. Il se releva et me dit : « Je trouverai grâce à vos yeux, ô mon maître, car vous m’avez consolé et vous avez parlé au cœur de votre serviteur : j’ai contemplé votre face comme on contemple la face du Seigneur, et vous m’avez permis d’élever la voix devant vous. Je parlerai, et je serai soulagé. Mon père, vous qui êtes chef de la nation d’Israël, regardez et jugez : mon frère, nourri dans son enfance au sein de ma mère, me poursuit, m’attaque sans motif et répand le fiel contre moi. C’est un faux témoin ; il ment contre son frère en proférant des paroles qui ne sont pas vraies. Il dit que je joue le jour et la nuit, que je perds mon temps à des choses vaines, que je repousse loin de moi la Loi, l’étude et toutes les bonnes occupations ; il présente votre serviteur comme un enfant de la perversité, comme un de ces misérables en Israël qui abandonnent les voies de la justice pour suivre des chemins sombres et impurs. Mon témoin est dans le ciel, j’invoque son puissant témoignage. Que les portes de son temple, temple de vérité et de sciences, s’ouvrent devant son peuple, elles feront voir mon innocence. Je n’ai pas abandonné l’étude une heure, pendant tous les jours de ma vie ; je raconterai tout ce que j’ai fait, j’ouvrirai mon cœur. Malheur à moi ! car je suis faible. Ma blessure est profonde, car, en me châtiant, le Sei-