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ARGUMENT ANALYTIQUE
DE LA PREMIÈRE OLYNTHIENNE.
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I. Jamais la bienveillance des dieux ne s’est manifestée plus clairement ; il serait honteux de manquera cette bienveillance, en négligeant les occasions qu’elle a fait naître.

II. Exciter les Athéniens par le tableau de la puissance de Philippe, ce serait faire l’histoire des hontes d’Athènes. Plutôt exposer la perfidie de Philippe, et montrer qu’avec la série de ses artifices, celle de ses succès touche à sa fin.

III Philippe ne s’est accru qu’en dupant tour à tour les Athéniens, les Olynthiens, les Thessaliens, par de belles promesses qu’il n’a pas tenues ; ces mêmes peuples, détrompés sur son compte, le renverseront.

IV. Toute hypothèse contraire a cette conclusion est absurde : car une puissance fondée sur la perfidie est un édifice qui pèche par sa base, et qui par conséquent doit nécessairement s’écrouler.

V. Le moment est donc favorable pour secourir Olynthe. Mais ce n’est pas, comme par le passé, par de vains discours, c’est par des actes énergiques que ce but peut être atteint avec efficacité. Alors se révélera toute la faiblesse réelle de Philippe.

VI. La Macédoine en effet, assez importante quand elle s’adjoint quelque autre puissance, ne peut rien à elle seule, c’est que les intérêts du prince et ceux des sujets sont essentiellement opposés ; c’est que, d’un autre côté, les troupes soudoyées de Philippe et sa garde personnelle même, sont bien au-dessous de leur réputation.

VII. Par envie, il écarte les braves ; par mépris, il néglige les vertueux ; restent donc autour de lui des brigands, des hommes perdus. Tout cela passe inaperçu, grâce à ses succès ; mais le moindre revers mettra au jour ce foyer de corruption.

VIII. Combien est préférable la fortune des Athéniens, qui ont à la bienveillance des dieux tant de titres qu’il n’a pas ! Mais ils dorment, et lui, il veille.

IX. Chose étrange ! eux qui ont agi avec tant d’énergie et de dévouement pour soutenir les droits d’autrui, ils s’endorment et regardent au moindre sacrifice pour la défense des leurs. Croient-ils donc que la même indolence, qui les a couverts de honte, leur rendra leur ancien éclat ?

X. Il importe donc d’agir avec énergie ; il importe qu’ils contribuent, qu’ils s’enrôlent eux-mêmes, qu’ils n’éloignent pas leurs généraux du service de l’État par de continuelles accusations, se réservant tout le fruit des expéditions pour ne leur en laisser que les dangers de toute espèce.

XI. Il importe surtout qu’au lieu de se diviser en partis opposés, tous soient désormais unis par l’amour de la patrie et la haine de l’ennemi commun — Résumé.


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Olyntienne I.