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        Des meubles luisants,
        Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
        Les plus rares fleurs
        Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre.
Les riches plafonds,
        Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
        Tout y parlerait
        À l’âme en secret
Sa douce langue natale.


Les trésors du monde y affluent comme dans la maison d’un homme laborieux… C’est encore toi, ces canaux tranquilles.

Un vrai pays de Cocagne où tout est beau, riche, tranquille, honnête : où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre. Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre…


        Vois sur ces canaux
        Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
        C’est pour assouvir
        Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde…
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


On dirait que l’ange a délié les dernières entraves qui le retenaient à la terre, on dirait que les dernières chrysalides sont écloses pour s’envoler, papillons…

Ailleurs les rapports sont plus lointains. Mais souvent, dans la prose analytique, on sent s’éveiller déjà, par ses sonorités essentielles, « l’hymne » futur :