Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/198

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témoin l’explication bizarre et inintelligible qu’il donne, dans la vie d’Agricola, de la raison pour laquelle il n’y a point de nuit au solstice d’été dans les contrées fort septentrionales.

(90). Car il avait moins à cœur l’avantage présent des peuples, que la vanité de perpétuer son nom ; quippe illi non perinde curæ gratia præsentium, quam in posteras ambitio. Quelques traducteurs entendent autrement ce passage ; il signifie, selon eux, que Tibère était moins sensible à l’opinion de son siècle, qu’à ce que la postérité dirait de lui : cette manière de traduire peut avoir aussi ses partisans, surtout à cause des mots gratia præsentium ; cependant j’ai préféré avec Gordon le premier sens, qui me paraît encore plus naturel et plus relatif à ce qui précède.

(91). Qu’il n’en aurait que les vices. Le texte porte : omnia Sullæ vitia, et nullam ejusdem virtutem habituram ; à la lettre, qu’il aurait tous les vices de Sylla, et pas une de ses vertus. Le mot de vertu, auquel celui de virtus ne répond pas exactement, m’a paru trop honorable pour un monstre tel que Sylla ; celui de bonnes qualités, ou simplement qualités, m’a paru traînant ou faible, et encore assez impropre. La phrase qu’il n’en aurait que les vices, semble renfermer le sens complet du latin, et l’exprimer d’une manière convenable à notre langue. Le mot de talens aurait peut-être mieux convenu que celui de vertus ou de bonnes qualités ; car un scélérat peut avoir des talens sans avoir réellement des vertus ou même de bonnes qualités : mais talent ne rendrait pas assez bien le mot virtutem, et ne serait pas d’ailleurs assez opposé à vice.

(92). Jouait la force en cachant ses souffrances ; le texte dit : impatientia firmitudinem simulans, c’est-à-dire, montrant une patience qu’il voulait faire prendre pour de la force : cette phrase est peut-être un peu longue ; mais peut-être aussi celle que j’y ai substituée n’est-elle pas aussi énergique, quoique d’ailleurs elle présente le même sens.

(93). A la jeunesse du tyran qui allait régner ; j’ai traduit ainsi : imminentis juventam, en rendant par une phrase le seul mot imminentis ; aimerait-on mieux à la jeunesse menaçante de son successeur ? Cette traduction, plus littérale peut-être, serait peut-être aussi moins naturelle.

(94). Que si les écueils du trône avaient perdu Tibère. Le texte porte, vi dominationis convulsus et mutatus : quoique ma traduction soit plus courte, il me semble que les mots écueils et perdu, rendent toutes les idées contenues dans ces trois mots, vi, convulsus et mutatus.

(95). Cachant d’autant plus sa colère qu’il se croyait offensé. Gor-