Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/262

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On doit du respect à ses supérieurs, des égards à ses égaux, de la considération aux hommes célèbres, de la déférence à ses amis.

Le malheur mérite du respect, le repentir des égards, les grandes places de la considération, les prières de la déférence. On dit : J’ai des égards, du respect, de la déférence pour monsieur un tel, et monsieur un tel a beaucoup de considération, jouit d’une grande considération.

conspiration, conjuration.

Union de plusieurs personnes dans le dessein de nuire à quelqu’un ou à quelque chose.

On dit, la conjuration de plusieurs particuliers, et une conspiration de tous les ordres de l’État, la conjuration de Catilina contre la république romaine, la conspiration d’une famille contre un de ses membres ; conjuration pour en faire régner un autre ; une conjuration contre l’État, une conspiration contre un courtisan. Tout conspire à mon bonheur ; tout semble conjurer ma perte.

constant, ferme, inébranlable, inflexible.

Ces mots désignent en général la disposition et la situation d’une âme que les circonstances ne font point changer. Les trois derniers ajoutent au premier une idée de courage, avec ces nuances différentes, que ferme désigne un courage qui ne s’abat point, inébranlable un courage qui ne s’effraie point, et inflexible un courage qui ne s’amollit point. Un homme de bien est constant dans l’amitié, ferme dans le malheur ; et quand il s’agit de son devoir, inébranlable aux menaces, et inflexible aux prières.

consumer, consommer.

On dit : la victime est consumée et le sacrifice est consommé ; ma maison est consumée, et mon malheur est consommé.

contre, fable, roman.

Ces trois mots désignent des récits qui ne sont pas vrais : avec cette différence, que fable est un récit dont le but est moral, et dont la fausseté est souvent sensible, comme lorsqu’on fait parler des animaux ou les arbres ; que conte est une histoire fausse et courte qui n’a rien d’impossible, ou une fable sans but moral ; et roman, un long conte. On dit, les fables de La Fontaine, les contes au même auteur, les contes de madame d’Aulnoi, le roman de la princesse de Clèves.