Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/36

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savans et les corps littéraires qui n’ont pas encore cessé d’écrire en langue latine, à ne point perdre cet utile usage. Autrement il faudrait bientôt qu’un géomètre, un médecin, un physicien, fussent instruits de toutes les langues de l’Europe, depuis le russe jusqu’au portugais ; et il me semble que le progrès des sciences exactes doit en souffrir. Le temps qu’on donne à l’étude des mots est autant de perdu pour l’étude des choses ; et nous avons tant de choses utiles à apprendre, tant de vérités à chercher, et si peu de temps à perdre.


NOTES.

(1). Ce dernier raisonnement, si péremptoire, est d’un chanoine de Rouen, qui n’ayant jamais été attaqué, ni même connu de l’auteur de cet article, a jugé à propos de lui dire beaucoup d’injures dans une critique qu’il a faite de trois ou quatre des nombreux articles donnés par cet homme de lettres à l’Encyclopédie[1]. Ce chanoine de Rouen est auteur, par malheur pour lui, d’une élégie latine sur la mort de M. de Fontenelle, dont on n’a pas fait, dans les collèges même, tout le cas que l’auteur aurait désiré. Personne ne serait donc plus intéressé que lui à soutenir, que s’il n’a pas mieux réussi dans ses vers latins, c’est que la chose est impossible. Mais chacun entend comme il peut ses intérêts. Quoi qu’il en soit, on profitera de cette occasion pour donner à ce chanoine quelques avis utiles. On l’avertira donc, 1°. de ne pas mettre sur le compte de l’auteur qu’il attaque, des fautes de copiste ou d’impression visibles, et dont il y en a même qui ont été corrigées dans les Errata. 2°. De ne pas citer à deux reprises différentes (pag. 23 et 178 de sa brochure) l’article Astronomie, comme contenant des choses qui ne s’y trouvent nullement. 3°. De ne pas croire (page 23) qu’un livre n’existe point, parce qu’il ne lui est pas connu ; par exemple, l’ouvrage imprimé au Louvre en 1693, et cité partout sous le titre de Recueil des Voyages de l’Académie. L’exactitude, disait un homme d’esprit, est la vertu d’un sot ; cet homme d’esprit avait tort en cela ; mais il est au moins certain que ce devrait être la vertu d’un critique qui reprend dans un ouvrage les points et les virgules, et qui assaisonne sa censure de beaucoup d’invectives. On l’avertira 4°. de plaisanter le moins qu’il pourra ; de ne pas dire par exemple (page 167) en parlant d’un journaliste qu’il veut décrier, que c’est tout au plus un homme propre à panser la mule de Photius. 5°. De ne pas appeler (page 171) l’Imitation de J.-C. un ouvrage de goût ; de ne pas croire (page 173) qu’il faille du goût pour être érudit ; et de ne pas conclure (page 169) qu’on fait bien d’écrire en latin

  1. Cette critique se trouve dans une brochure publiée par le chanoine contre le Dictionnaire encyclopédique.