Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/124

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Mais nulle part nous ne trouvons ni l’application de ces préceptes, ni que de Saussure ait cherché à vérifier ces indications qui peut-être lui auront été suggérées tardivement par la lecture de quelques livres tels que ceux de Buffon.

Parmi d’autres préceptes, d’ailleurs excellents, qu’on trouvera dans cette espèce de mémorandum, nous ne pouvons mieux faire, pour terminer notre appréciation des travaux géologiques du grand naturaliste génevois, que de citer encore celui par lequel il termine son œuvre, et que personne n’a plus scrupuleusement observé que lui (p. 539) : « Mais ce qui est plus rare encore, dit-il, et peut-être plus nécessaire que le zèle qu’il faut pour surmonter ces obstacles, c’est un esprit exempt de prévention, passionné de la vérité seule, plutôt que du désir d’élever ou de renverser des systèmes, capable de descendre dans les détails indispensables pour l’exactitude et la certitude des observations, et de s’élever aux grandes vues et aux conceptions générales. Cependant il ne faut point que ces difficultés découragent ; il n’est aucun voyageur qui ne puisse faire quelque bonne observation et apporter au moins une pierre digne d’entrer dans la construction de ce grand édifice. »
Travaux de J. André de Luc

Compatriote et contemporain de de Saussure, Jean-André de Luc parcourut d’autres pays, écrivit beaucoup, mais presque toujours sous une forme peu scientifique, prétendant à de grandes vues théoriques et dominé par des idées, soit préconçues, soit étrangères à son sujet, qui ont dû singulièrement nuire à la valeur de ses travaux. Il lui a manqué, comme à la plupart des géologues du xviiie siècle, précisément ce qu’il fallait pour arriver à des déductions positives, à la fois théoriques et pratiques sur la structure et la composition du sol, savoir l’examen continu et détaillé d’une surface donnée, suivi dans des directions convenablement choisies, et la construction ou la représentation graphique du résultat de ces études. Ainsi, jamais nous ne voyons les observations de de Luc, non plus que celles de de Saussure et de la plupart de leurs contemporains, projetées sur un plan vertical ou horizontal, même de quelques lieues, d’étendue, pour montrer les relations des roches et leurs affleurements