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car le lendemain matin on vit 12 grenadiers apportant à Friscine le Crocodile intact. La chronique ajoute qu’ayant été estimé, il fut payé à son second propriétaire, le premier étant mort depuis longtemps. Emballé avec le plus grand soin, il fut envoyé à Paris au Muséum d’histoire naturelle, où il est un des spécimens les plus précieux de la collection de paléozoologie[1].

D’autres fragments du même animal, provenant de la même localité, mais moins importants que celui-ci, avaient été trouvés en 1766, et font partie de la collection de Teyler, à Harlem, à laquelle un officier appelé Drouin les avait cédés. Ils furent. décrits et figurés, en 1790, par Van Marum[2] ; il en existait. également d’incomplets dans la collection de Camper, et divers blocs de pierre, envoyés aussi au Muséum, renferment un certain nombre de vertèbres et de côtes, puis des fragments d’autres parties du squelette.

En 1786, Pierre Camper[3], qui était allé étudier les deux maxillaires de Harlem, fut d’avis, comme Van Marum, que l’animal de Maëstricht devait être un cétacé, bien que l’idée de ses premiers possesseurs fût que c’était un Crocodile. Faujas, en reprenant la question, chercha à s’entourer de tous les documents qu’il croyait propres à l’éclairer. Il étudia les Crocodiles vivants ainsi que les Gavials, en donna de bonnes figures et y trouva la confirmation que le fossile était réellement un Crocodile. Adrien Camper[4] revenant sur l’opinion de son père jugea

  1. Nous trouvons, dans une note plus ancienne et contemporaine de la découverte, une variante au commencement de cette histoire. Une mâchoire supérieure de Crocodile a été trouvée, non pas dans la montagne de Saint-Pierre, mais dans celle qui lui fait face de l’autre côté de la Jaar ou Jaur, appelée la montagne de la Canne. Elle appartenait à M. Drouin, officier de dragons. M. Offman, chirurgien-major à l’hôpital de Maëstricht, possède en grande partie la mâchoire inférieure de ce Crocodile tirée du même lieu (de Lassone, Mém. de l’Acad. r. des sciences pour 1771, p. 91). Ce dernier morceau doit être celui qui fait le sujet de l’histoire de Faujas ; l’orthographe du nom du médecin y est changée, et, en outre, ce n’est pas seulement une mâchoire inférieure, mais bien deux maxillaires presque complets.
  2. Mem. de la Société Teylerienne, p. 383, 1790.
  3. Transact. philos., 1786.
  4. Journ. de Phys., vol. LI, p. 278, 1800.