Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/341

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faut pas croire, comme se l’imaginent tous les gens qui veulent raisonner sur cela sans avoir rien vu, qu’on ne trouve ces coquilles que par hasard, qu’elles sont dispersées çà et là, ou tout au plus par petits tas, comme des coquilles d’Huîtres jetées à la porte : c’est par montagnes qu’on les trouve, c’est par bancs de 100 et de 200 lieues de longueur, c’est par collines et par provinces qu’il faut les toiser, souvent dans une épaisseur de 50 ou 60 pieds, et c’est d’après ces faits qu’il faut raisonner. »

Buffon rapporte alors les observations de Réaumur et les remarques de Fontenelle sur les faluns coquilliers de la Touraine (antè, p. 200), et ajoute (p. 245) : « Il y a, comme on voit, une prodigieuse quantité de coquilles bien conservées dans les marbres, dans les pierres à chaux, dans la craie, dans les marnes, etc. On les trouve, comme je viens de le dire, par collines et par montagnes ; elles font souvent plus de la moitié du volume des matières où elles sont contenues ; elles paraissent la plupart bien conservées ; d’autres sont en fragments, mais assez gros pour qu’on puisse reconnaître à l’œil l’espèce de coquille à laquelle ces fragments appartiennent, et c’est là où se bornent les observations et les connaissances que l’inspection peut nous donner. Mais je vais plus loin : je prétends que les coquilles sont l’intermède que la nature emploie pour former la plupart des pierres ; je prétends que les craies, les marnes et les pierres à chaux ne sont composées que de poussière et de détriment de coquilles ; que, par conséquent, la quantité des coquilles détruites est infiniment plus considérable que celle des coquilles conservées. »

Par le mot coquilles, Buffon comprend évidemment tous les débris calcaires, non-seulement des animaux mollusques, mais encore des polypiers, des échinides, des stellérides et des crustacés, comme on le voit dans cet autre passage : « Cette production d’une nouvelle substance pierreuse, le calcaire, par le moyen de l’eau, dit-il[1], est un des plus étonnants ouvrages

  1. Vol. V, Minéraux, p. 183. Éd. de 1828, mise en ordre par de Lacépède. — Voy. aussi, ibid., p. 204.