Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/363

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vit encore un résultat de l’influence de l’homme. Enfin, ayant à établi, par des calculs sur le refroidissement des corps sphériques, qu’il avait fallu 37000 ans pour que la surface de la terre, d’abord incandescente, permit le développement des êtres organisés, il évalue à 75000 ans le laps de temps qui a dû s’écouler avant qu’elle ait atteint sa température actuelle. La déperdition de la chaleur serait en outre tellement lente que dans 75000 autres années le globe ne sera pas encore assez refroidi pour que la vie y soit complètement anéantie. On sait aujourd’hui que le reste de cette température initiale est si faible qu’on pourrait la négliger dans les considérations de physique organique sans qu’il en résultât de causes d’erreurs bien sensibles.
Appréciations générales.

On voit donc que Buffon, tout en coordonnant avec beaucoup d’art ce qu’il avait appris et ce qu’il avait observé lui-même, était peu versé dans la connaissance des travaux déjà publiés sur le grand sujet qu’il a traité à deux reprises différentes, car cette connaissance eût suffi à un esprit aussi apte que le sien à saisir les rapports les plus éloignés, pour donner à ses Époques de la nature une bien plus grande valeur. Moins prévenu que ses contemporains contre les travaux de Guettard, il eût pu même en tirer parti pour asseoir sa théorie sur des faits non pas plus nombreux, ce qui n’était pas nécessaire, mais moins vagues, observés avec plus de soin, mieux classés et reliés entre eux plus naturellement. L’esprit des méthodes actuelles, qui nous est devenu si familier qu’il nous semble que ces méthodes ont toujours existé, n’était pas d’ailleurs dans la tournure des idées de Buffon, qui ne le comprenait pas ou le négligeait sans s’apercevoir que c’est de son application judicieuse seule que résultent les véritables théories, et que toute autre marche ne donne lieu qu’à des hypothèses ou à des prévisions plus ou moins heureuses, plus ou moins séduisantes.

Nous ne pouvons par conséquent regarder les Époques de la nature, malgré leur généralité, comme l’expression réelle et complète de l’état où se trouvaient alors les connaissances sur l’histoire de la Terre. Elles n’en reflètent qu’une partie arrangée