Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps a fait perdre les espèces ; aussi n’en voit-on pas dans les pierres plus récentes.

« Or, on doit appeler pierre calcaire plus ancienne celle qui, soit qu’elle existe sur les plus hautes montagnes, soit inférieurement, ne connaît aucune autre espèce de pierre calcaire au-dessous d’elle, mais qui est la base de toutes les autres. Après celle-ci vient une autre qui lui est posée dessus, et enfin la dernière de toutes est celle que la mer a formée tout récemment et même qu’elle forme encore, car les pierres coquillières, par exemple, qui ont été employées pour bâtir les remparts de Montpellier sont visiblement une pierre de formation très-récente, à laquelle on ne peut comparer cette chaîne de montagnes calcaires du Jura et des Cévennes, que je regarde comme la plus ancienne de toutes les pierres calcaires du monde. »

Si l’on se reporte au temps où l’abbé Soulavie écrivait et que l’on tienne compte des pays qu’il avait étudiés, on trouvera cette dernière manière de voir suffisamment justifiée. Ainsi, à quelques égards, l’auteur de l’Histoire naturelle de la France méridionale pourrait être regardé comme le continuateur de celui de Telliamed. Il en a les qualités comme observateur, avec moins d’originalité sans doute, mais avec plus de suite dans des recherches limitées à une région déterminée. Il avait plus que Guettard le sentiment de la géologie stratigraphique, une idée très-exacte de la succession des êtres organisés dans le temps qu’il a formulée le premier avec des exemples à l’appui ; mais on peut dire qu’il écrivait aussi mal, ce qui, à la fin du xviiie siècle, était un tort, même pour un savant. Quoi qu’il en soit, nous pensons que l’on n’a pas rendu à l’abbé Soulavie toute la justice que ses travaux méritaient ; il a été un de ceux que l’opinion générale déshérite sans qu’on sache pourquoi. Puissent ces quelques lignes engager les naturalistes qui s’occupent particulièrement. des Cévennes et de leurs versants oriental et méridional à ouvrir son livre ! Ils y trouveront certainement des renseignements utiles.

Dans un mémoire sur les mines de charbon de ce pays et sur la double empreinte des feuilles de fougères qu’on trouve dans