Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/44

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et les Romains, du moins à en juger par ce qui nous est parvenu, car nous savons que les sciences naturelles ne laissaient pas que d’y avoir de nombreux adeptes ; un auteur moderne, Faujas de Saint-Fond, qui a fait le relevé des naturalistes de ces deux nations dont les noms sont rapportés par Pline, en trouve 657, dont 431 grecs et 226 latins.

Mais s’il semble que les anciens ne nous aient laissé sur la Grèce aucune donnée géologique ou paléontologique de quelque valeur, ne nous hâtons pas de les accuser d’inaptitude pour l’observation ; aucun pays n’est moins propre que l’Attique et le Péloponèse à suggérer des idées nettes à cet égard. C’est en effet un réseau de petites chaînes de montagnes soulevées, se croisant dans diverses directions, dont les couches disloquées, redressées, modifiées et pénétrées par des roches ignées, rendent encore aujourd’hui, avec toutes les ressources de la science moderne, leurs relations et leur âge fort difficiles à saisir. La Grèce, si brillante dans les lettres, les arts et la philosophie, qui vit pousser assez loin les sciences exactes et leurs applications, où la médecine, la zoologie, la botanique et de nombreuses substances minérales trouvèrent des observateurs sagaces et éclairés, ne pouvait pas être le berceau de la géologie, car nulle part les couches de son sol ne présentent cette disposition régulière et symétrique qui, dans l’Europe occidentale, révéla, bien tardivement encore, leur véritable chronologie.

Ce que nous venons de dire du sol de la Grèce peut s’appliquer à celui des îles de l’Archipel et de la plus grande partie de l’Asie Mineure aussi bien que de l’Italie, où, à l’époque romaine, l’esprit d’observation directe de la nature était peut être moins répandu encore que chez les Grecs.

Ce qui a manqué aussi au développement des sciences naturelles dans l’antiquité ç’a été l’absence de méthode, de classification, de nomenclature fixe, de collections, des ressources de la gravure pour reproduire les objets, du microscope simple et composé pour les amplifier, et par-dessus tout de l’imprimerie, ce vulgarisateur et ce propagateur par excellence de toutes les connaissances humaines.