Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/462

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personne ne pourrait soutenir que ces terrains n’ont pas été formés tous ensemble. »

Cette dernière phrase n’est cependant plus exacte et montre les préoccupations du zoologiste, car la stratification et la superposition des couches de même nature ou de natures différentes, non-seulement suffisent pour faire voir qu’elles se sont déposées les unes après les autres, mais encore c’est cette même superposition qui a permis de reconnaître la succession des divers êtres organisés eux-mêmes, ou, en d’autres termes, la série des couches sédimentaires d’un pays donnée pouvait être déterminée par la simple observation directe, tandis que la succession des faunes et des flores qu’elles renferment exigeait cette constatation préalable de l’ordre chronologique des dépôts.

(P. 62.) Cuvier indique ici la préférence que dans ses recherches il a donnée aux débris de vertébrés sur ceux des invertébrés. Il avait, en effet, parfaitement le droit de choisir le champ de ses études ; mais dire que les ossements de quadrupèdes pouvaient conduire, par plusieurs raisons, à des résultats plus rigoureux qu’aucune autre dépouille de corps organisés, qu’ils caractérisent d’une manière plus nette les révolutions qui les ont affectés, que, pour les coquilles, les changements d’espèces pourraient provenir de changements légers dans la nature du liquide, que dans le fond de la mer certaines espèces et certains genres, après avoir occupé plus ou moins longtemps des espaces déterminés, ont pu en être chassés par d’autres, tandis que l’apparition des os de quadrupèdes, et surtout celle de leurs cadavres entiers, annonce que la couche même qui les porte était autrefois à sec, que c’est par eux que nous apprenons les irruptions répétées de la mer, dont les produits marins seuls ne nous auraient pas instruits, et que c’est par leur étude que nous pouvons espérer de reconnaître le nombre et les époques de ces irruptions, etc., etc., tout cela n’est pas sérieux, c’est méconnaître la nature même des choses, c’est entasser supposition sur supposition, incertitude sur incertitude, et aucun géologue pratique n’admettra les raisonnements du célèbre anatomiste, qui n’avait nul besoin d’ailleurs de ces petits paradoxes pour justifier