Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/470

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les animaux aquatiques, inverse de celui qui est supposé par l’auteur pour les animaux terrestres.

Mais depuis que cette idée a été émise, rien n’est venu en démontrer la réalité. Toutes les données acquises, et elles sont aujourd’hui bien autrement nombreuses que celles que Cuvier avait à sa disposition, ont prouvé au contraire que, sauf quelques circonstances particulières très-restreintes et faciles à expliquer, le grand fait de la succession non interrompue des êtres dans le temps, l’absence du retour aux mêmes formes, est l’expression de la loi générale qui régit la nature, loi sur laquelle Cuvier ne pouvait avoir que des idées très-vagues et fort incomplètes, car il lui manquait encore trop d’anneaux pour placer bout à bout et réunir toute la série des chaînons plus ou moins brisés et discontinus des âges de la terre.

(p. 135) Cuvier s’attache ensuite à démontrer qu’il n’y a point d’os humains fossiles ; que les os de l’homme se conservent aussi bien que ceux des animaux quand ils se trouvent dans les mêmes conditions. « Tout porte à croire, dit-il (P.142), que l’espèce humaine n’existait point dans le pays où se découvrent les os fossiles, à l’époque des révolutions qui ont enfoui ces os, car il n’y aurait eu aucune raison pour qu’elle échappât tout entière à des catastrophes aussi générales, et pour que ses restes ne se retrouvassent pas aujourd’hui comme ceux des autres animaux ; mais je n’en veux pas conclure, poursuit-il, que l’homme n’existait pas du tout avant cette époque. Il pouvait habiter quelques contrées peu étendues, d’où il a repeuplé la terre après ces événements terribles ; peut-être aussi les lieux où il se tenait ont-ils été entièrement abîmés, et ses os ensevelis au fond des mers actuelles, à l’exception du petit nombre d’individus qui ont continué son espèce. »

Ainsi nous voilà, en 1822, retombés en plein déluge biblique avec les variantes obligées, tout comme aux xviie et xviiie siècles ! Encore une de ces vieilles racines que l’éminent naturaliste du xixe siècle n’a pu extirper, encore une de ces vagues hypothèses traditionnelles à l’influence de laquelle son