Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/473

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certains peuples n’a rien d’historique. Nous pensons que ces documents ne prouvent absolument rien pour le fond de la question. Si l’on tient compte, au contraire, de cette croyance générale à un déluge, que l’on retrouve dans la tradition de tous les peuples, et si l’on étudie attentivement les caractères de ce phénomène supposé général et ceux des dépôts qui se sont évidemment formés depuis, c’est-à-dire si l’on compare des effets comparables et de même ordre, qui partout montrent clairement une successivité réelle, on aura des motifs bien autrement concluante et concordants pour reporter à des milliers de siècles plus loin qu’on ne le fait le phénomène dont les traditions nous ont conservé le souvenir.

Nous arriverons ainsi, sinon à obtenir une évaluation numérique absolue, ce qui ne sera peut-être jamais possible, du moins à des données d’ancienneté relative concordantes et ayant un degré de probabilité satisfaisant. Que prouvent ces traditions ? un fait d’accord avec l’observation ; mais elles ne prouvent rien quant au temps. Il peut et il doit même y avoir un laps ou un hiatus incommensurable pour nous entre ce fait et les données scientifiques, archéologiques ou autres qui le rappellent seulement. Cet hiatus nous est prouvé par les résultats de l’observation des faits naturels en opposition avec le peu d’ancienneté que l’on voudrait attribuer à l’état actuel des choses, résultats qui, seuls, nous offrent des chronomètres en rapport avec la durée du temps.

Voyons maintenant quelles sont les conclusions de Cuvier. « Je pense donc, dit-il (p. 290), avec MM. de Luc et de Dolomieu, que s’il y a quelque chose de constaté en géologie, c’est que la surface de notre globe a été victime d’une grande révolution, dont la date ne peut remonter beaucoup au delà de cinq ou six mille ans ; que cette révolution a enfoncé et fait disparaître le pays qu’habitaient auparavant les hommes et les espèces des animaux aujourd’hui les plus connus ; qu’elle a au contraire mis à sec le fond de la dernière mer et en a formé les pays aujourd’hui habités ; que c’est depuis cette révolution que le petit nombre des individus épargnés