Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/504

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qui établissent une véritable époque géognostique, pendant laquelle tous les corps organisés qui habitent sinon toute la surface du globe, au moins de très-grandes étendues de cette surface, ont pris un caractère particulier de famille ou d’époque qu’on ne peut définir, mais qu’on ne peut non plus méconnaître.

« Je regarde donc le caractère d’époque de formation, tiré de l’analogie des corps organisés, comme de première valeur en géognosie, et comme devant l’emporter sur toutes les autres différences, quelque grandes qu’elles paraissent ; ainsi, lors même que les caractères tirés de la nature des roches (et c’est le plus faible), de la hauteur des terrains, du creusement des vallées, même de l’inclinaison des couches et de la stratification contrastante, se trouveraient en opposition avec celui que nous tirons des débris organiques, j’attribuerais encore à celui-ci la prépondérance, car toutes ces différences peuvent être le résultat d’une révolution et d’une formation instantanée qui n’établissent point en géognosie d’époque spéciale. »

Nous avons vu que c’était un autre Français, l’abbé Giraud-Soulavie, qui le premier avait formulé nettement et appliqué le principe fondamental de la distinction des terrains par leurs fossiles. Mais ni sa note, écrite en 1777 et communiquée à l’Académie des sciences en 1779, ni son mémoire publié en 1780 et sa description du Vivarais donnés en même temps, ni surtout ses lettres à l’abbé Roux, qui parurent en 1784 (antè, p. 353-354), n’attirèrent l’attention des naturalistes, peu préparés encore à entrer dans cette nouvelle voie. Quinze ans plus tard, W. Smith était plus heureux en Angleterre. Il voyait ce même principe, appuyé d’ailleurs de plus de preuves, exposé avec plus de méthode, parce que le pays étudié était aussi plus favorable à la démonstration, il voyait, disons-nous, ce même principe accueilli avec empressement par tous ses compatriotes. L’un d’eux, après avoir traversé les Alpes, avait indiqué plusieurs rapprochements très-justes entre certaines roches secondaires de cette chaîne et