Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/98

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pas encore l’existence des dépôts lacustres, déjà si connus de l’autre côté des Alpes. Les calcaires foncés, compactes, de Meillerie sont décrits ensuite sans être autrement distingués, et il en est de même des roches des environs de Saint-Gingolf.
Chaînes du Jura

chaînes Passant au nord du lac, il trace avec une grande justesse de coup d’œil les caractères physiques ou orographiques du Jura ; mais sa manière d’en apprécier la stratification, d’accord avec ce qu’il a dit du Salève, montre jusqu’à quel point il était encore loin de la vérité. « J’ai cru pendant longtemps, dit-il (p. 277), que toutes les couches devaient avoir été formées dans une position horizontale ou peu inclinée à l’horizon, et que celles qu’on rencontre dans une position perpendiculaire ou très-inclinée avaient été mises dans cet état par quelque révolution ; mais, à force de rencontrer des couches dans cette situation, de la voir dans des montagnes bien conservées et qui ne paraissaient pas avoir subi de bouleversement, et d’observer une grande régularité dans la forme et la direction de ces couches, je suis venu à penser que la nature peut bien avoir aussi formé des bancs très-inclinés et même perpendiculaires à la surface de la terre. » De sorte que c’est la régularité et la symétrie de l’irrégularité même qui lui fait admettre une conclusion si singulière, conséquence naturelle de la fausse voie dans laquelle il s’était engagé dès le commencement.

Le Jura, continue de Saussure (p. 281), est composé de différentes chaînes à peu près parallèles entre elles et aux Alpes, mais tirant un peu plus du N. au S. Celle de ces chaînes qui est la plus élevée et la plus voisine des Alpes avait dans l’origine la forme d’un dos d’âne dont les pentes, à partir du faîte, occupent les flancs en descendant jusqu’au pied. Les chaînes qui lui succèdent à l’ouest sont graduellement moins élevées, moins étendues, et leurs couches, courbées en voûtes ou en demi-voûtes, viennent enfin mourir dans les plaines. Celles-ci ont à leur tour pour base des bancs calcaires horizontaux de même nature que ceux des monts Jura et qui furent peut-être anciennement contigus avec eux.

La pierre, grise, dure, compacte, qui constitue le noyau des