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LE CAPITAINE

aux chevaux, ces hommes devaient attendre la charge, tirer à cinq pas seulement, « dans l’œil », et n’avaient que très peu d’espoir de sauver leur vie. Après un ban de tambourins, M. d’Aubeterre, qui avait mission de porter les ordres, cria aux troupes :

— Que les braves et bonnes gens qui désirent. faire l’ « Etrier » sortent de leurs compagnies, s’avancent avec leurs mousquets, honnêtes charges de poudre et de balles, et munis d’affilés couteaux. D’ordre du roi : double part du butin, après la bataille, leur sera servie. Tambourins, un ban !

Quatre cents hommes s’approchèrent. C’était ainsi chaque fois, il y en avait trop du double. Les capitaines des compagnies, accourus, choisirent les meilleurs tireurs, cent cinquante ; et on les disposa, par groupes de vingt-cinq, entre les haies de gens d’armes. Les autres, grommelants, retournèrent à leurs bataillons.

Il était huit heures et la demie.

Aussitôt ses troupes rangées, le Gascon parut sur un tertre. Là, rêveur, comme il inspectait l’infanterie composée de gens de labour dont la masse voûtait en bas, humblement, ses deux mille épaules paysannes, il pensa soudain qu’il ne devait rien omettre avant coup ; et du haut de cette colline qui faisait du roi, dans le ciel, un fabuleux fantôme équestre, le sceptique de la Saint-Barthélemy, élevant la main, ordonna pour lors la prière.