Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
LE ROI

laisser faire un mariage. (Désignant les troupes défiantes) Elles se reconnaissent, dit-il, pour s’être déjà combattues, mais je veux les voir à pot et à rôt. — Compagnons !

Retourné en selle, les bras levés, il claqua une fois ses mains. À ce signe, les huguenots vinrent aux catholiques, et les deux armées se mêlèrent. Des larmes « grosses comme pois » roulaient aux joues du Gascon.

— Mon frère, demanda le roi de France, que faisiez-vous pendant nos disputes ?

— Mon métier de soldat, sire, je vous préparais une armée.

— Pourquoi, hésita le malade, pourquoi n’êtes-vous point, comme tant d’autres, avec Guise contre ma personne ?

— Parce que vous êtes le Roi, dit très simplement le Bourbon, et que M. de Guise n’est qu’aventurier.

Le tremblant roi de France, ému, regarda ce héros rieur qui flattait sa barbe et son épée, se sentit couvert par cette âme énorme et oublia tout.

— Ma corbeille… (Apercevant ses chiens, il se déganta) Et qu’allez-vous entreprendre, mon cher beau-frère ?

— Le plus pressé ! le plus bref ! rit le Béarnais ; laissez faire à moi, sire !

Déjà il était à cheval.


Sans perdre une seconde, le roi de Navarre