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LE ROI

Hardiment, à la face des ligueurs et des étrangers, il leva le flambeau de la justice, et arrêta « qu’il fut enjoint au duc de Mayenne, lieutenant-général, d’assurer qu’il ne fut fait aucun pacte remettant la couronne à quelque prince ou princesse d’une nation étrangère ; déclarant au surplus que ces dits traités seraient nuls, contraires à la loi salique et autres lois fondamentales du royaume ». — « Nous sommes vrais Français, terminèrent les conseillers, et perdrons la vie et les biens devant que jamais être autres. »

Le roi, de son camp, assistait à ces courtes luttes.

— Voilà qui est répondre, approuva-t-il. Convient de humer les choses avant d’y goûter, car il y a toujours du poison dans un plat de figues d’Espagne.

Non découragés par l’arrêt, les Espagnols proposèrent cette fois, et sérieusement, le jeune duc de Guise. Acharnés à leur élection, ils demandèrent que les États « donnassent le trône aux deux époux, sans partage, et qu’Isabelle, épousant Guise, eût la Bretagne seule pour dot ». Harcelé par tous, le jeune duc allait accepter, mais Mayenne devenu jaloux l’arrêta : « Ne croyez point, dit-il à son neveu, que nous voulions nous mettre, nous autres princes, sous la domination de Philippe. Si vous acceptez ce trône, les protestants d’Allemagne, l’Angleterre et presque tous les Français se révolteront contre vous. » Le duc hésitait encore. Mais un homme se dressa soudain